Les identités suspendues
Note d’intention :
Suspendues, les identités de ces femmes assassinées le sont. Elles forment une constellation presque imperceptible. Peu y prêtent de l’attention. Suspendues, à un fil, comme l’étaient leurs vies, si facilement ôtées.
Cette facilité accompagnée, à chaque fois, d’intenses brutalités. Elles sont consignées dans un registre, par devoir de mémoire. Beaucoup préfèrent ne pas l’ouvrir. Depuis janvier 2020, elles sont au moins 12. Elles étaient 24 en 2019, 38 en 2018 et 40 en 2017. Les chiffres que nous avons ne sont pas révélateurs de la réalité du terrain. Il y en a bien plus que ça, mais à ce jour, aucun parti politique, aucune institution sociale ne prend la responsabilité de faire quelque chose de concret face aux crimes faits aux femmes en Belgique.
Le féminicide. Le mot n’est pas encore entré dans le Larousse, mais la définition du Petit Robert en 2015 est la suivante :
« meurtre d’une femme, d’une fille, en raison de son sexe. »
J’ai essayé de créer un univers suspendu qui invite les visiteurs et les visiteuses à prendre conscience de la proximité du féminicide. Des prénoms, des noms, des dates et des noms de lieux écrits et affichés sur des morceaux de plexiglass. Suspendus à l’aide de fil transparent. L’idée de la transparence a pour but de mettre en exergue l’invisibilité des femmes et le manque de con-sidération de notre gouvernement face au sujet. Sur le recto, le prénom et le nom d’une personne, son âge et le lieu du meurtre. Sur le verso, un numéro de référence qui renvoie vers un carnet déposé près de l’installation et dans lequel nous pouvons consulter les fiches détaillées de chaque crime.